Principes de logistique de maintenance en laboratoire

Une des préoccupations que j’ai apportée de mon ancien métier est la gestion de la maintenance des équipements de mesure.

État des lieux

A mon arrivée, la situation est la suivante: les équipements sont désignés par leur numéro de modèle (4192, 4294) ou par leur aspect (boitier de protection plastique, boitier métallique).
Les caractéristiques des appareils sont transmises oralement et via un petit cahier de manips (pour ceux montés à demeure sur des expériences). Les documentations papier et pdf des appareils sont rangées dans différents bureaux ou perdues.
Les modifications effectuées sur les appareils (réparations, adaptations, calibration) ne sont pas suivies autrement qu’oralement. L’état de fonctionnement des appareils n’est pas connu (pour ceux qui sont en stock, non montés sur des manips).
L’ensemble des manips est piloté par une série de programme Labview maison issus du portage sous cet environnement d’anciens programmes en C. A chaque combinaison (Appareils/type de mesure) correspond un programme spécifique. Les versions ne sont pas suivies ni répertoriées autrement que par les opérateurs. Les versions utilisées servent à la fois de version de développement et de production.
Un atelier existe dans le laboratoire, consacré aux mesures électriques. Cet atelier dispose d’un stock de pièces détachées héritées en grande partie d’un laboratoire d’électronique disparu, de récupération/cannibalisme d’anciennes manips désarmées, et de reliquats de commandes diverses. Il n’existe aucun état de stock. Des boites en carton contiennent des éléments de récupération divers (câbles coaxiaux, composants électroniques divers, interrupteurs variés, moteurs, joints, transformateurs d’origines diverses, éléments de circuits pneumatiques…) de valeur et d’intérêt très variables.

Évolution à un an

Une des premières tâches que je me suis assigné a donc été d’utiliser mes connaissances de logistique de maintenance industrielle pour le labo. Pour cela, j’ai commencé à:

  • Marquer les appareils de mesure avec un code spécifique (identifiant type 12AAA012345)
  • Faire une liste de ces appareils et de leurs caractéristiques principales (Gammes de mesure, types de connexion…)
  • Récupérer et rassembler les documentations techniques et plans en pdf correspondants
  • Standardiser au maximum les manips en libre service.
  • Stocker à l’extérieur (cave) ceux qui sont irrécupérables (Hors service, sans connexion PC..)
  • Inventorier le stock de pièces détachées (en se concentrant sur les pièces neuves jamais utilisées) pour le valoriser.
    Note: ce stock dormant pouvait être estimé à une valeur de 3k€ environ.
  • Éliminer ce qui paraissait devoir l’être, et commencer à trier le reste, parmi les pièces de récupération.
  • A plus long terme, une reprise des logiciels de manipulation des manips.

Difficultés rencontrées

La première difficulté rencontrée a été de déterminer une ligne entre le faisable et le théoriquement souhaitable alors même que l’activité était assez largement nouvelle pour moi. Le compromis est obligatoire, d’autant que les moyens disponibles et les délais souhaitables sont très différents de ce que l’on peut trouver ailleurs.
Il n’a ainsi pas été possible de faire une base de donnée de stock et de suivi de commande, par manque de moyens. Il faut donc se contenter de l’éternel tableau excel, dont les capacités d’interactivité sont nettement moindres.
De même le travail de documentation est concentré sur les appareils montés sur des manips en cours, pour des raisons évidentes. Pour les autres, un test simple de fonctionnement a conduit à écarter une bonne partie des matériels de récupération. La culture professionnelle des labos étant proche de l’écureuil, les matériels HS ont été simplement stockés au lieu d’être jetés. J’en profite pour regretter l’absence d’une procédure simple de revente de matériel ancien appartenant à l’état: il est plus facile de le jeter que de le vendre, alors même que tous les labos manquent de fonds et que des acteurs intéressés existent (associations, petits ateliers, écoles primaires…). Ne pourrait-il pas être intéressant de pouvoir facilement revendre (donc rayer des domaines) tous les appareils de mesures au delà d’un certain âge? L’argent permettrait de racheter les petits appareils pour lesquels il est difficile d’intéresser une ANR. Une autre possibilité est d’utiliser la bourse d’échange CNRS, bien qu’elle s’adresse plutôt à ceux qui veulent se débarrasser d’instruments de mesure complets et en état de marche. Là encore, on se trouve face à quelques difficultés quand il s’agit d’appareils achetés grâce à des tutelles multiples (ANR, budget CIFRE, fonctionnement, CNRS ou enseignement supérieur).

 

 

 

 

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